Si tous les transhumanistes partagent une même conviction que l’humanité devrait améliorer sa condition grâce aux progrès technoscientifiques, il existe néanmoins des différences majeures dans leurs conceptions. Peut-être est-il plus juste de parler de courants de pensée transhumanistes plutôt que d’un mouvement unique et unifié.
Certains philosophes affirment d’ailleurs l’existence d’un impératif éthique d’amélioration de l’espèce tout en refusant l’étiquette transhumaniste. C’est par exemple le cas de Jonathan Harris :
« Si […] les améliorations sont manifestement un bien pour nous, et si ce bien peut être obtenu en toute sécurité, alors les gens ne devraient pas seulement pouvoir avoir accès à ces biens pour eux-mêmes et pour ceux dont ils ont la charge ; ils ont aussi des raisons morales claires – et peut-être l’obligation – de les rechercher. »[1]
D’autres, comme le philosophe utilitarien David Pearce insistent avant tout sur un impératif hédoniste non limité aux humains, c’est-à-dire l’exigence morale de réduire voire de supprimer la souffrance pour tous les êtres doués de sensibilité.
Malgré la diversité des idées, on peut tenter de les regrouper en grandes tendances : technogaïaisme (restaurer l’environnement par le progrès technologique), postsexualisme (transcender les différences de genres et de sexes, ainsi que leurs déterminations sociales et culturelles), transhumanisme démocratique (utiliser les technologies pour développer des sociétés plus justes tout en encadrant les innovations afin de prévenir les dérives éthiques et les fractures sociales résultant d’un accès inégalitaire au progrès), etc.
Deux tendances sont particulièrement représentées au sein du mouvement : le singularitarisme (parfois appelée singularitarianisme) et l’extropianisme. Elles se rejoignent souvent en partageant de nombreux principes et théories.
[1] Jonathan Harris, Enhancing Evolution. The Case for making better people. Princeton, Princeton UP, 2007, p.35. Cité dans Simone Bateman et Jean Gayon, « L’Amélioration humaine. Trois usages, trois enjeux », Médecine/Sciences, n°10, vol. 28, 2012.
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